Je me suis rendu dernièrement à la réunion publique concernant le projet d’installation d’une  déchetterie sur la friche industrielle de l’ancien site de l’entreprise Beguin Say à Pont d’Ardres. Je souhaitais prendre connaissance de ce projet mais également appréhender les arguments d’une partie de la population qui s’est exprimée contre.
Lors de cette réunion,  j’ai ressenti une forte et légitime inquiétude des habitants présents. Les questions fusaient avec des arguments qui relevaient plus de la peur, tout aussi légitime, que d’un réel travail scientifique.  Les réponses étaient peu claires car les représentants de l’entreprise n’avaient pas suffisamment le temps de répondre au regard de l’état d’esprit de la salle surchauffée.

En revanche, élément positif en faveur du projet de la déchetterie : la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) a émis un avis conforme. Si la DREAL le dit,  c’est que ce projet est en total respect des normes françaises et européennes en matière  environnementale. Ayant quelques dossiers « en souffrance » sur le territoire de Cap Calaisis avec la DREAL, je peux vous rassurer sur leur pointillisme.

Au-delà de cette déchetterie, cela pose, à nous tous, quelques questions. Tout en évitant :
– d’une part, de se cacher derrière son petit doigt et/ou
– d’autre part, toute manipulation politique de tous poils et tout horizon.

Dans une société consumériste effrénée, comment gérons-nous nos propres déchets que nous rejetons chaque jour ? Dans nos entreprises, source d’emploi, comment gérons-nous les déchets industriels et non-industriels ?

 

Derrière le terme « gestion », deux visions peuvent être appliquées : l’une que j’appellerai  » l’autruche », et l’autre  » responsable ».

 

Concernant la vision « autruche », la définition pourrait être : je fais un trou,  je le remplis de mes propres déchets, je couvre tout ceci de quelques centimètres de terre et enfin je plante un arbre dessus pour faire écolo. Cette définition implique que je laisse à mes enfants et petits-enfants la responsabilité de mes propres déchets. Dans le même esprit, je peux envoyer tous mes déchets sur d’autres continents beaucoup moins regardant en matière de norme environnementale et sociale. Mes enfants ne seront pas touchés mais les terres de ces continents ne seront plus cultivables et vivables. Par voie de conséquence, ces populations seront dans l’obligation de migrer vers nos territoires.

La seconde vision que j’appelle « responsable » doit intégrer dans le mode de gestion, la valorisation des déchets ménagers et industriels, source de richesse économique et sociale dans le total respect de l’environnement.

Sur Calais, nous avons été confrontés par deux cas : l’un réussi, l’autre gâché.

Le premier est le projet Tioxide, la démarche active de recherche et de développement du site Tioxide  a abouti au projet de création d’une nouvelle unité de fabrication de sulfate de magnésium pour le marché des engrais.

Ce projet est aussi un projet à fort caractère environnemental puisqu’il retraite une bonne partie des déchets produits par la fabrication des pigments. La Communauté d’Agglomération Cap Calaisis a soutenu ce projet dans le cadre de son fond d’innovation.

Le second était le projet ERAS Métal pour la création de plus de 50 emplois. Cela concernait l’implantation d’une usine pour produire de l’oxyde de zinc à partir de poussières d’acier récupérées dans les aciéries. J’ai soutenu à l’époque le projet car il était crédible techniquement, économiquement et socialement (La DREAL l’avait validé) et il permettait d’envoyer un signe fort auprès des futurs investisseurs qui souhaitaient s’installer dans le Calaisis. Ce projet fut rejeté par la Droite et le Parti Socialiste.

Lors de l’ouverture de la semaine des métiers de l’économie verte dans le Nord – Pas-de-Calais, il  a été présenté une étude qui démontre un gisement de plus de 30 000 emplois.

Aujourd’hui les normes européennes et françaises nous permettent de sécuriser les dispositifs de retraitement des déchets. Le projet de la déchetterie envisagée sur une friche industrielle à Pont d’Ardres entre définitivement dans l’ère du Développement Durable :

    – Il revalorise un ancien site industriel ;

    – Il revalorise les déchets industriels ;

    – Il crée de l’emploi (sur un territoire qui en a grandement besoin) et de la richesse pour nos familles ;

    – Il favorise la baisse du coût de la taxe carbone en raccourcissant les temps de transport ;

    – Il respecte les normes européennes et françaises en matière de valorisations des déchets.

En conclusion, devons-nous refuser un tel projet ici ou ailleurs sous prétexte d’avoir peur ? En ce qui me concerne, d’une part, la société porteur d’un tel projet doit respecter tant sur le plan moral que législatif les normes imposées et d’autre part les décideurs politiques doivent  être capable de prendre leur responsabilité pour les accueillir sur nos territoires.

By Philippe BLET

Philippe Blet, Président de la Communauté d'Agglomération Cap Calaisis, Terre d'Opale et conseiller municipal de Calais (2008/2015) Membre de la Direction Nationale des Radicaux de Gauche en charge des acteurs sociaux https://lesradicauxdegauche.fr/ Coordinateur régional de D12

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