Jean-Michel Baylet : «Le PRG et le PS ont des objectifs communs.»

Le président du PRG redit son attachementà la gauche.

Dans son discours de clôture de l’université d’été de son parti à La Rochelle, Jean-Michel Baylet a proposé dimanche
que radicaux et socialistes tiennent à l’automne 2010 un congrès extraordinaire commun.

LE FIGARO – Vous venez de proposer au PS d’organiser un congrès commun. Pourquoi faire ?
Jean-Michel BAYLET – Lors de ma rencontre avec Martine Aubry, j’ai senti une vraie volonté de rassemblement avec un meilleur comportement du PS par rapport à ses alliés traditionnels, notamment
par la décision de se lancer dans un processus de primaires. Il est important que la gauche entre dans ce mouvement. Il faut retrouver la confiance de l’opinion publique et ne plus se contenter
de paroles. Le PRG et le PS, qui sont quand même des partis proches, ont des objectifs communs. Il faut l
ancer un signal fort à l’opinion. Cela peut passer par l’élaboration d’un projet commun.

Selon vous le PS répondra-t-il positivement à votre proposition ?
J’essaie, moi, d’être positif. Je n’imagine pas que le PS n’ait pas, lui aussi, la volonté de l’être. Il n’y a pas de raison que le Parti socialiste répondre négativement à ma
proposition.

Vous qui êtes favorable à des primaires, comment jugez-vous le débat actuel à gauche sur cette question ?
Il y a cinq ans déjà, avec Roger-Gérard Schwartzenberg, nous avions lancé l’idée de primaires. Nous sommes très heureux d’avoir été entendus. Il faut maintenant nous mettre rapidement en ordre de
bataille.

Que pensez-vous de l’offre publique de dialogue de François Bayrou à l’opposition ?
Comme aimait à le répéter Michel Crépeau, l’ancien ministre PRG et maire de La Rochelle, la politique est faite d’ad
ditions. Bien entendu, nous sommes prêts à dialoguer avec le MoDem.

Et comment jugez-vous l’attitude actuelle des Verts ?
Les Verts sont plutôt isolés. Leur situation me rappelle la nôtre en 1994, quand nous avions réalisé un très beau score électoral. Mais il faut se méfier : une hirondelle ne fait pas le
printemps. À l’inverse, ce qui me réjouit, c’est la réaffirmation claire par les Verts de leur appartenance au camp de gauche.


By Philippe BLET

Philippe Blet, Président de la Communauté d'Agglomération Cap Calaisis, Terre d'Opale et conseiller municipal de Calais (2008/2015) Membre de la Direction Nationale des Radicaux de Gauche en charge des acteurs sociaux https://lesradicauxdegauche.fr/ Coordinateur régional de D12

3 thoughts on “Baylet : «Nous sommes prêts à dialoguer avec le MoDem»”
  1. Au sujet du Modem et de son « omni président » M. Bayrou,
    ci dessous, la position de M. Paul Quiles ancien ministre socialiste

    un  attrape-nigaud

    Je préfère utiliser ce terme d’« attrape-nigaud », un peu moins trivial que le mot plus courant qui m’est venu à l’esprit en écoutant François Bayrou ce matin à la radio.

            C’est en effet ainsi que le dictionnaire définit une « ruse grossière ». ….ce qui correspond justement à cette « offre publique de dialogue » que le leader du Modem s’efforce de présenter comme une contribution honnête et « désintéressée » à la « préparation de l’alternance ».

             Oui, vous avez bien entendu : « je suis désintéressé »,a-t-il martelé, mais, comme le journaliste lui demandait s’il le serait au point de laisser un ou une autre être candidat(e) au 1er tour de l’élection présidentielle de 2012, il s’est exclamé : « Bien sûr que non, la logique de la Vème République est qu’on choisit au 1er tour et il faudra bien que je défende mes idées » !

            On le voit, le désintéressement de François Bayrou a des limites….qui sont très précisément fixées par sa stratégie. Celle- ci apparaît si transparente que je m’étonne de voir tant de nigauds (ou d’hypocrites) la négliger.

                En quoi consiste-t-elle en effet ? Il s’agit tout simplement de permettre au leader du Modem « d’être « qualifié » pour le 2ème tour de 2012, ce qui, pense-t-il, lui permettrait alors de l’emporter en se présentant comme le candidat du front anti- Sarkozy. Pour cela, il faut que le candidat socialiste arrive en 3ème position, comme cela s’est déjà produit à deux reprises sous la Vème République. A chaque fois, la raison de l’échec a été la même : le flou du positionnement socialiste, qui a semé le trouble dans l’électorat et entraîné une multiplication désastreuse des candidatures à gauche.

                Telle est donc l’objet réel de l’offre de « dialogue » de F. Bayrou, qui ne vise en aucune façon à préparer des analyses et des propositions communes, destinées à être portées par un candidat commun. Elle a pour vocation à déséquilibrer le PS et à rendre son image encore plus incertaine, grâce à l’aide de ceux qui ne voient pas ou, plus grave, qui feignent de ne pas comprendre la « ruse grossière ». Comme le dit le dictionnaire, ce sont des nigauds….

  2. Ci dessous la position de M. Moscovici

    La Gauche et le Centre

    Le débat sur les relatons entre le Centre et la Gauche envahit le paysage politique depuis la rentrée, au point de devenir obsédant. Tout a commencé avec la réunion des amis de Vincent Peillon à Marseille, et la photo-choc d’un rassemblement allant de Robert Hue à Marielle de Sarnez, entonnant pour l’occasion un discours quasi-gauchiste. Cette thématique a été présente à la Rochelle, où Martine Aubry a posé à François Bayrou des questions préalables à un dialogue. Celui-ci, très sollicité malgré sa défaite cinglante aux élections européennes, et qui n’espérait peut-être pas jouer un tel rôle dans une rentrée qui ne se présentait pas bien pour lui, a répondu hier, avec un langage plutôt compliqué. Il accepte son appartenance à l’opposition, exclut toute alliance avec l’UMP, lance une « offre politique de dialogue », propose un « Parlement de l’alternance », rejette dans le même mouvement les exigences de la Première secrétaire, gentiment traitée de « surveillante générale ».

    Qu’en penser ? Les réactions socialistes ont été attendues. Vincent Peillon s’est jeté sur la perspective d’un rassemblement anti-sarkoziste, avec une fougue digne de Jean-François Kahn, Benoit Hamon au contraire a réclamé avec scepticisme une « clarification du projet politique du Modem ». Si l’intention du Président du Modem, bien aidé en l’occurence, était de diviser à nouveau les socialistes, il est en passe de réussir. Mais s’il s’agit de bâtir une offre politique faisant sens, nous en sommes encore loin. J’avoue pour ma part ne comprendre ni l’attentisme des uns, ni le rejet absolu des autres. Depuis 2 ans, en fait, je plaide pour une attitude qui me semble plus élaborée et fondée. Quel est, en effet, le véritable état de nos relations possibles avec le Modem ? Partons de constats simples. Le Centre, en France, est depuis le début des années 1970 et l’entrée au gouvernement du mentor de François Bayrou, Jean Lecanuet, solidement ancré à droite. Le Président du Modem lui-même a fait l’essentiel de son parcours au sein de la droite modérée, et fut on s’en souvient le ministre, sans brio, d’Edouard Balladur et d’Alain Juppé. Son électorat et ses militants restent, et c’est logique, très marqués par cette origine, et réticents, même lorsqu’ils sont partisans d’une alliance avec le PS, à un parcours avec toute la gauche. Il n’est pourtant pas possible, comme l’a fait Arnaud Montebourg, de s’en tenir là.

    Car le Centre a indéniablement bougé. Candidat une première fois à la Présidentielle, en 2002, dépouillé d’une partie de ses troupes par Jacques Chirac, fondateur de l’UMP, à nouveau pillé par Nicolas Sarkozy après l’élection de celui-ci en 2007 – sans avoir appelé à voter pour lui – François Bayrou ne cesse, depuis 10 ans, de s’éloigner de la droite. Il a franchi plusieurs étapes depuis le début de ce quinquennat, votant les motions de censure de la gauche, écrivant un pamphlet pas mal fichu, mais très marqué par un antagonisme tout personnel avec le Chef de l’Etat, laissant Marielle de Sarnez s’exprimer à Marseille, se revendiquant – sans toutefois le dire – de Centre-gauche hier. Il ne doit donc pas y avoir de honte à dialoguer avec lui – à débattre sur le fond plutôt. Reste à cerner la portée et les limites de ces discussions évenutelles – et c’est là où je me distingue de ceux qui pensent que rien n’est possible, comme de ceux qui pensent que ça y est, c’est fait, que l’histoire est en marche et ne s’arrêtera pas. Car François Bayrou reste un homme du Centre et non de la Gauche. Il poursuit, en réalité, une visée stratégique assez transparente, toujours la même : diviser et décrédibiliser le Parti socialiste, apparaître comme le meilleur candidat d’une coalition anti-sarkoziste – car il n’a en rien renoncé à son rêve, son obsession de l’Elysée. L’alliance qu’il cherche est un tryptique Modem/Verts/PS, excluant de facto le PC, dont il serait le maître. En effet, cet alliage se construirait au prix de tels renoncements idéologiques que le Parti socialiste serait disponible pour s’ouvrir à d’autres perspectives – les siennes. Bref, il souhaite fonder, sans l’avouer – peut-être est-ce aussi le projet de certains socialistes, il n’est pas scandaleux, il doit être dit – un Parti démocrate à l’italienne, dont la démocratie chrétienne serait l’incarnation électorale.

    Qu’ils sont naïfs – ou faussement naïfs – ceux qui ne comprennent pas cette stratégie, ou feignent de ne pas la comprendre ! Je ne crois pas, pour ce qui me concerne, que nous devions la valider. D’abord parce qu’elle impose, subrepticement, le renoncement à l’identité de la gauche. Ensuite parce qu’elle est de ce fait, contrairement aux apparences d’une arithmétique implacable, probablement perdante – le Parti démocrate, illisible perdant des forces des deux côtés, à droite et vers un Centre conservateur. C’est pourquoi je propose une autre démarche. Renforçons, avant tout, notre propre armature intellectuelle, pour être à la fois plus attractifs et plus cohérents. Consolidons nos liens avec la gauche et les écologistes : là est le coeur véritable de l’alternance de demain. Refusons certains facilités, qui sont des pièges et n’ont pas de sens. Ainsi en va-t-il d’une primaire ouverte au Modem : non, il ne peut pas y avoir un candidat de la Gauche et du Centre au premier tour de la présidentielle, d’autant plus que François Bayrou ne le veut pas – sauf s’il s’agit de lui – bien sûr, la gauche doit absolument y être présente. Cette hypothèse brouille le jeu et n’apporte rien !

    C’est dans ce contexte que le débat avec le Centre peut s’organiser. Quel peut être son objectif ? Bâtir d’éventuels contrats de gouvernement, locaux ou national, qui peuvent émerger du deuxième tour des élections régionales de 2010, ou de la présidentielle de 2012. Quelle méthode ? Revenons à l’idée que j’ai formulée dès septembre 2007, d’ « Assises des progressistes », d’une confrontation structurée permettant d’identifier nos convergences – sans doute significatives – et nos divergences – pas négligeables : c’est moins spectaculaire sans doute, mais plus fructueux et construit qu’un vague « Parlement de l’alternance ». Cette démarche là est moins avantageuse pour François Bayrou, elle le sert moins. Mais elle est, j’en ai la conviction, plus crédible, plus cohérente, plus juste, plus respectueuse des identités respectives – et toujours bien distinctes – de la Gauche et du Centre. Elle n’est pas un jeu tactique, un jeu médiatique, ou une martingale superficielle. C’est pourquoi je la propose ici. Et c’est pourquoi, aussi, parce qu’elle est plus exigeante, elle fera moins les gros titres.

  3. Ci-dessous la position de M. Cambadélis

    François Bayrou ou le mirage à gauche

    J’ai beau avoir lu et relu le discours de François Bayrou, je n’ai rien vu si ce n’est cette horrible formule d’offre publique de débat qui sous-entend, je suppose, d’achat. Non, en l’écoutant ou plutôt le regardant car maintenant entre la poire et le fromage, nous sommes en direct live partout. Donc, j’ai constaté que François Bayrou avait mis sa cravate. Là, je me suis dit : il s’est préparé. Mais sa proposition de débat me fait irrémédiablement penser « au dialogue idéologique » proposé par Guy Mollet au PCF à la fin des années 60 quand ce dernier voulait refuser le programme commun.

    À part cela, François Bayrou veut combattre Sarkozy, ce qui est bien, tout en restant à droite, ce qui l’est moins. On aurait pu imaginer un geste fou : une demande de rencontre avec Martine Aubry. Nenni. François Bayrou veut rester l’antisarko de l’autre rive. Subordonnant sa tactique à l’objectif stratégique, rappelé par M. de Sarnez il y a quelques jours : François Bayrou doit être au 2e tour de la présidentielle.

    Il a suffi d’une phrase. La main tendue est bienvenue, un tacle par derrière de l’UMP : « Bayrou a trahi ». Et François Bayrou sans bouger était déjà à gauche.

    Le président du Modem a raté une occasion de clarifier sa position renvoyant à un Congrès l’aggiornamento idéologique mais déclinant en 12 points son « et et » et de droite et de gauche, verrouillant les primaires, évitant les régionales.

    Nous ne sommes pas plus avancés. Si le dialogue doit être une vertu démocratique, la clarté est une éthique républicaine.

    L’alternance n’a de sens que si c’est une alternative aux politiques de droite. Le sectarisme est évidemment à condamner, mais les faux-semblants aussi. Au passage, François Bayrou fait du PS l’interlocuteur principal de l’alternance. Merci mais ce n’est charitable ni pour les Verts ni pour les autres. Bon, on a compris, François Bayrou ne change pas. C’est toujours la stratégie de V. Giscard d’Estaing : rassembler deux Français sur trois. Ce dernier s’était distingué des gaullistes puis avait réussi à capter une partie du désir de changement dans les deux camps.

    Tout cela ne nous avance pas beaucoup. C’est le mirage à gauche de François Bayrou

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