Avec l’autorisation de Marie-jeanne PIMONT,

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Bonjour à tous ! Je reviens de la manif… J’ai survécu… Calais aussi… Je suis partie à 10 h du matin
retrouver ma fille sur le lieu de départ de la manif’ au Phare. Là-bas, aucun No border en vue ; les manifestants calaisiens les attendaient… Nous apprenons qu’ils ont quitté le camp après
10h, suite aux tracasseries policières et autres fouilles et arrivent à pied par la rue Mollien. Nous décidons de les rejoindre pour filmer et prendre des photos.

Nous rejoignons le groupe de joyeux anarco-libertaires au coin de la rue Mollien et de la rue de Phalsbourg et nous
prenons, avec eux, le chemin du phare. C’est là que les ennuis commencent…Les CRS bloquent la rue avec des camions pour retarder l’avancée des No Border. Finalement, on peut passer mais dans un
espace restreint entre les camions. Les chauffeurs s’amusent à reculer pour nous prendre en étau quand on passe… On croit rêver ! Au passage à niveau, barrage policier, grilles, CRS armés
jusqu’aux dents (flashballs, tasers…etc…) qui bloquent l’accès au pont qui mène au phare. Pourquoi ? Mystère ? C’était le chemin le plus court pour y aller sans rien gêner… Le
cortège tente alors de passer par l’autre pont, en direction de la mairie, rebarrage ! On se retrouve enfermé entre deux barrages avec impossibilité de rallier la manif ! Quelques
manifestants qui tentent de passer se font matraquer…



Enfin, après négociation , le cortège repart en direction de la place de Suède, toujours dans l’espoir d’atteindre
le Phare ! On nous oblige donc à passer devant le squat des érythréens qui tentent de se joindre à nous, aussitôt repoussés par les CRS. Et là, encore un barrage sur le pont qui mène à la
place de Suède ! Le cortège est à nouveau bloqué entre deux barrages ! Les forces de l’ordre ont donc, semble-t-il, décidé de tout faire pour retarder l’arrivée des No border sur le
site de départ de la manif! Tout faire également pour que ça dégénére en imposant des parcours délirants, des allers et retours inutiles et en bloquant tout le monde systématiquement !
Heureusement, les No borders ne sont pas les dangereux extrêmistes dont la propagande nous parle… Ca négocie, ça discute, ça appelle au calme, ça ne réagit pas aux provocations policières. Pas
une insulte, des fleurs et de la musique au pied des camions grilles…

Finalement, ça pousse un peu et le passage se libère enfin. Résultat, nous arrivons au Phare à 12h au lieu des 10h
prévues ! Les manifestants (Sud, CNT, FA etc…) nous font un accueil triomphal ! Une courte pause pour se reposer et la manif officielle démarre enfin ! Toujours aussi joyeuse,
musique, crème solaire et chanson !



Quel contraste avec la bande de messieurs en noir armés jusqu’aux dents, cachés dans les buissons avenue du Général
de Gaulle et sur tout le parcours. Sur le chemin, les calaisiens rigolent, nous font coucou aux fenêtres, nous prennent en photo, nous ravitaillent en bouteilles d’eau du haut de leur balcon. Une
ambiance bon enfant, bien loin de la psychose semée toute la semaine par les suppôts de Not’bon maître !

Le parcours se fait joyeusement, ça danse, ça scande des slogans rigolos (CRS impuissant, les matraques font pas
d’enfants…) et des plus sérieux (No border, No nation, stop déportation)jusqu’au retour vers le Phare. Et là, reblocage au carrefour port/préfecture ! Et c’est reparti pour un tour…On se
photographie devant les CRS, on leur fait des grimaces, quelques insultes commencent à fuser,lancées par des gamins qui accompagnent le cortège, vite stoppées gentiment par les No
border…

J’aperçois trois gamins de la Zup, qui cachent des pierres dans leur poche, l’oeil mauvais. Ni une ni deux, je vais leur
parler, leur expliquer qu’il ne faut pas répondre à la provoc’ policière, que ce serait leur donner raison… Ils jettent leur pierre. « On fera rien, M’dame, z’avez raison… » Je me sens toute
chose…

Enfin, le cortège peut repartir. Pourquoi ? Parce que le canon à eau est arrivé ! Au cas où les chevelus ne
voudraient pas se disperser ! Pensez donc ! On arrive au pied du phare, les manifestants tentent de se disperser. Impossible, les CRS peu engageants, bloquent tout ! Impossible de
regagner Calais Nord, faut faire le tour à pied par le car ferry ! On se repose un peu dans l’herbe en écoutant des gens parler au micro de la voiture de la CNT, une dame de 70 ans raconte
qu’elle héberge un afghan parce que c’est un gosse et qu’il a faim et froid et qu’elle emmerde tout le monde ! Elle est très applaudie.



Les No border sont priés de regagner leur camp ! Tant qu’ils ne seront pas partis, le blocage policier
continue. On se résigne, et on repart vers la rue Mollien en passant par les car ferrys ! L’état policier a décidé de nous tuer à la marche à pied ! On en est à plus de 20 kms… Un
groupe de CRS, plus armés que les autres, s’approchent à petite vitesse… L’un d’eux nous regarde et tape dans son poing, prêt à en découdre… Réaction des noborders: photos, fleurs, clowns et
chansons… Pas de chance, les CRS ne pourront pas se défouler aujourd’hui…

Arrivés rue Mollien, impossible de tourner vers la mairie pour rentrer à la maison. Ma fille et moi, on se coltine un peu
verbalement avec un CRS malpoli qui nous explique que c’est comme ça et pas autrement et qu’on peut bien encore marcher un kilomètre ou deux, faignasses qu’on est… On s’incline devant la force
brutale, on se moque un peu, pas trop, ils font peur tout de même et on se réfugie chez Laurent nouveau propriétaire du bistrot La Nex ! Plein de No borders investissent le bistrot, on a
soif, il fait chaud et on est crevé. Laurent, solidaire, nous sert joyeusement et explique aux clients locaux qu’il ne faut pas avoir peur, que tout ça c’est de la propagande à la noix de la part
des autorités ! Certains no border veulent acheter à manger à LIDL en face. Ils se font éjecter manu militari… Le proprio refuse les clients et ferme le rideau… Hallucinant de
bêtise !

Finalement, le cortège repart vers le camp rue Normandie Niemen. Et ma fille et moi, on réussit, enfin, à regagner le
centre ville pour rentrer à la maison !

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Bref, une manif totalement pacifiste, aucun débordement, malgré des provocations constantes de la part des forces de l’ordre. Un déploiement ridicule et parfaitement disproportionné. Qui c’est
qu’a l’air bête ce soir, avec son dispositif à prix d’or ? C’est Mâme la Mairesse et M’sieur le préfet !

PS: ma fille a fait la manif seins nus, avec No Border écrit sur un sein et No Nation sur l’autre… Elle a été harcelée
par les paparazzi… guettez la Voix du Nord! La jolie fille aux seins nus, c’est elle !

By Philippe BLET

Philippe Blet, Président de la Communauté d'Agglomération Cap Calaisis, Terre d'Opale et conseiller municipal de Calais (2008/2015) Membre de la Direction Nationale des Radicaux de Gauche en charge des acteurs sociaux https://lesradicauxdegauche.fr/ Coordinateur régional de D12

One thought on “No-Border, la manif de Marie-Jeanne PIMONT”

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